La problématique du dialogue avec les djihadistes alimente à nouveau les débats. Les uns plus optimistes, les autres plus réservés. Néanmoins, il convient de reconnaitre qu’il est temps de sauter le pas.
« J’ai le devoir et la mission de créer tous les espaces possibles et de tout faire pour que, par un biais ou un autre, nous parvenions à un apaisement. Il est temps que certaines voies soient explorées […]. Nous ne sommes pas des gens butés, bloqués ou obtus », déclarait l’ex-président de la République malienne, Ibrahim Boubacar Kéïta. En effet, après avoir été longtemps un opposant farouche au dialogue avec les djihadistes, l’ex-président malien avait fini par céder en reconnaissant la nécessité d’explorer la voie du dialogue dans la résolution de la crise sécuritaire dans son pays. Après sa chute, le 18 août 2020, la problématique du dialogue avec les groupes djihadistes qui sèment le chaos dans tout le sahel refait surface.
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Dans une interview accordée, lundi 19 octobre 2020, au quotidien français Le Monde, Antonio Guterres, secrétaire général des Nations unies, revient sur l’aporie du dialogue avec les djihadistes. Il reconnait la nécessité de dialoguer, tout en mettant un bémol. À l’en croire, avec des groupes « radicaux » comme le groupe État islamique (EI), il est difficile d’emprunter la voie du dialogue. « Il y aura des groupes avec lesquels nous pourrons parler, et qui auront intérêt à s’engager dans ce dialogue pour devenir des acteurs politiques à l’avenir », a-t-il déclaré au micro de nos confrères du journal Le Monde. Et de préciser : « Mais il y a encore ceux dont le radicalisme terroriste est tel qu’il n’y aura rien à faire avec eux ».
Pourtant, au Mali ainsi que dans plusieurs régions du sahel, l’insécurité semble avoir le vent en poupe. Cela fait près de deux semaines que la mission de maintien de la paix des Nations unies au Mali, MINUSMA, a essuyé une double attaque au nord du Mali. Celle-ci est intervenue après la mort de 12 civils et de près de 11 soldats maliens dans des attaques dans le centre du pays. En plus de tous ces faits, le village de Farabougou, dans la quatrième région du Mali, Ségou, a passé deux semaines assiégé par les djihadistes.
C’est à la suite de cette aggravation de la situation sécuritaire, que le commissaire à la paix et à la sécurité de l’Union africaine (UA), Smail Chergui a invité au dialogue avec les djihadistes dans ces régions. Comme argument pour prouver la possibilité et la nécessité de ce processus, il a évoqué l’Afghanistan, « où les États-Unis et les talibans ont convenu d’une trêve fin février, comme modèle possible ».
Cet appel de Chergui n’a pas tardé à trouver des échos. Antonio Guterres apporte la précision suivante : « En Afghanistan, il existe un groupe terroriste avec lequel le dialogue est impossible, c’est l’État islamique ». Et de préciser les raisons : « Sa vision est si radicale qu’il n’y a aucune perspective de discussion. »
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Selon le secrétaire général de l’ONU, ce dont le sahel a besoin, ce n’est pas un déploiement sécuritaire, mais « plus de solidarité internationale ».
Le ministre de l’Europe et des Affaires étrangères de la République française, Jean Yves Le Drian, au cours de sa visite de deux jours au Mali, les 25 et 26 octobre, a exprimé quant à lui, une position plus radicale. Il fait savoir l’impossibilité de dialoguer avec les groupes djihadistes lies à Al-Qaïda et au groupe État islamique qui sévissent au Mali, voire dans le sahel. « Disons les choses très clairement : il y a les accords de paix (..) et puis il y a les groupes terroristes qui n’ont pas signé les accords de paix (…) Les choses sont simples », a-t-il fait comprendre. Notons quand même que cette position de la France n’est pas nouvelle.
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Toutefois, il convient de faire remarquer qu’il est temps de sauter le pas face à la recrudescence de l’insécurité au Mali et dans le Sahel. Car le pouvoir d’action des autorités de ces pays face aux groupes terroristes qui sévissent sur leur territoire est assez limité.
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